30 ans après le massacre d'une famille Sarthe : l’affaire Dany Leprince réouverte ?

En 1994, celui que l'on surnomme le "boucher de la Sarthe" est accusé du meurtre de quatre membres de sa famille, des faits qu'il conteste encore aujourd'hui. Jeudi 23 janvier 2025, le dossier a été soumis à la Cour de révision dans une éventuelle perspective de réouverture des débats. 30 ans après les faits, Dany Leprince clame toujours son innocence. Que s'est-il passé ?

30 ans après le massacre d'une famille Sarthe : l’affaire Dany Leprince réouverte ?

Réclusion criminelle à perpétuité

L’affaire Dany Leprince est l’un des dossiers criminels les plus marquants du paysage judiciaire français. Condamné en 1997 à la réclusion criminelle à perpétuité avec une peine de sûreté de 22 ans pour avoir massacré, le 4 septembre 1994, quatre membres de sa famille, il a toujours clamé son innocence. Après trente ans de batailles judiciaires, de rebondissements et de remises en cause, cette affaire demeure un symbole des failles potentielles du système judiciaire.

Après trente ans d’attente, Dany Leprince entrevoit enfin l’espoir, d’une révision de sa condamnation à perpétuité. Ce jeudi 23 janvier 2025, les juges de la Cour de révision ont décidé d’examiner son dossier, ouvrant ainsi la possibilité d’un nouveau procès.

Quadruple meurtre

Le 4 septembre 1994, un quadruple meurtre secoue Thorigné-sur-Dué, en Sarthe. Christian Leprince, sa femme et deux de leurs filles, Audrey (6 ans) et Sandra (10 ans), sont retrouvés assassinés à l’arme blanche dans leur maison. Seule leur benjamine, Solène, âgée de 2 ans, survit à la tragédie.

Très vite, la police se tourne vers Dany Leprince, le frère de la victime. Accusé par son épouse et sa fille aînée, il avoue sous pression avoir tué Christian, mais nie être responsable des autres meurtres. Quelques heures plus tard, il se rétracte, dénonçant des aveux arrachés sous la contrainte. Malgré ses protestations, il est condamné en 1997 à la réclusion criminelle à perpétuité avec 22 ans de sûreté.

Pendant près de trois décennies, il clame son innocence. Aujourd’hui, un nouvel espoir émerge : la Cour de cassation a jugé recevable sa demande de révision.

Une condamnation sur des éléments contestés

Le 5 septembre 1994, les corps de la famille Leprince sont retrouvés massacrés à leur domicile de Thorigné-sur-Dué, en Sarthe. Seule la plus jeune fille, âgée de deux ans, est épargnée. Rapidement, l’enquête se concentre sur Dany Leprince, le frère du père de famille assassiné. Son épouse, à l’époque des faits, apporte un témoignage accablant qui contribue à sa condamnation.

Cependant, des incohérences émergent dès le procès. Les aveux partiels de l’accusé, obtenus dans un contexte contesté, ainsi que des expertises médico-légales sujettes à interprétation, sèment le doute sur la solidité des charges retenues contre lui. Pourtant, la justice le condamne sans l’ombre d’un doute.

Sa fille Célia, témoin majeur de l’accusation, avait affirmé avoir vu son père frapper Christian près de la boîte aux lettres. Mais une reconstitution des faits en 2023 prouve qu’il lui était impossible d’assister à cette scène depuis l’endroit où elle se trouvait. Un élément qui fragilise lourdement l’accusation.

Une longue bataille judiciaire

Au fil des ans, de nombreux éléments viennent nourrir la thèse de l’erreur judiciaire. En 2006, après une campagne de soutien et l’intervention de la Commission de révision des condamnations pénales, Dany Leprince voit sa peine réduite, mais son innocence n’est pas reconnue. Il obtient une libération conditionnelle en 2012, après 15 ans passés derrière les barreaux.

Depuis sa sortie, il continue de se battre pour obtenir la révision de son procès. Ses avocats dénoncent des vices de procédure, des témoignages rétractés et des expertises contradictoires qui auraient pu infléchir le verdict initial. Malgré plusieurs tentatives, la justice refuse d’ouvrir une nouvelle instruction.

Une affaire toujours en suspens

Trente ans après les faits, l’affaire Dany Leprince soulève des questions essentielles sur le fonctionnement du système judiciaire. Comment garantir un procès équitable ? Comment éviter les erreurs judiciaires lorsque des preuves indirectes constituent l’essentiel du dossier ?

L’histoire de Dany Leprince rappelle que la justice n’est pas infaillible. Entre certitudes et doutes persistants, ce dossier reste emblématique des luttes pour la reconnaissance des erreurs judiciaires et la nécessité de toujours questionner les décisions rendues.